La Région Wallonne recale le Flip’Park
La Région Wallonne a donné un coup d’arrêt au projet d’extension du zoning de Philippeville. La décision fait 36 pages. Voici notre résumé et nos commentaires, en 2 pages. Pour les plus exigeants d’entre vous, vous trouverez la décision entière dans le lien ci-dessous.
https://drive.google.com/file/d/1HF1_gEBNl6BXGhm1AlDS-U8t5mN8CCmw/view?usp=drive_link
Un climat politique hostile au projet
Une parlementaire ECOLO, Madame Cremasco, s’était, elle aussi, élevée contre l’extension du complexe commercial. Le Ministre Borsus s’est montré prudent sur l’indépendance des fonctionnaires et le plan juridique. Il a tout de même souligné que le Flip’Park n’était pas en phase avec la politique du gouvernement. Flip’Park risque d’aggraver l’étalement urbain, la dépendance à la voiture et le nombre de cellules vides (à savoir les commerces abandonnés et non reconvertis).
Trop de commerce tue le commerce
Les hauts fonctionnaires de la région wallonne n’y sont pas allés de main morte, pour recaler le projet d’extension du zoning. La Région Wallonne signale des infractions urbanistiques simples mais, au vu de la taille du projet, elles seraient forcément de grandes ampleurs. Cependant, l’essentiel du refus réside dans les considérations commerciales stratégiques. Les failles de Flip’ Park furent pointés dès 2019, par la population elle-même et dans nos rapports déposés à l’administration.
Déstabiliser les zonings de Couvin, Florennes, Fraire, Charleroi et ailleurs
La volonté de dominer commercialement est formellement rejetée. Certaines saillies du Collège, destinées à flatter l’ego, ne sont manifestement pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Ainsi, le Collège a exprimé son désir de « vouloir rééquilibrer la position de Philippeville dans la hiérarchie des villes ». Cet argument, cité par les fonctionnaires wallons, signifiait, à leurs yeux, que Flip’Park supplantera le reste des entreprises de l’Entre-Sambre et Meuse, jusqu’à risquer la rupture de la chaîne d’approvisionnement. En clair, des faillites pour certains secteurs et la rupture de l’approvisionnement alimentaire n’a rien d’appétissant.
Le manque d’attention du projet, en faveur du centre-ville de Philippeville
Les hauts fonctionnaires ont souligné le manque de préparation du projet, par l’absence de Schéma de Développement Communal, d’un Plan Communal de Mobilité ficelé ou encore d’un Schéma Communal de Développement Commercial. Pour les hauts fonctionnaires, il manque une vision claire et novatrice au projet d’Equilis. Sans innovation et complément à la situation commerciale et industrielle, il ne peut pas y avoir d’extension. Une incantation politicienne, poussant à accueillir 1200000 consommateurs, ne sert pas à prouver que cela sera bénéfique pour Philippeville et le reste de la région. La quantité, c’est important. Cela ne remplace pas toujours la qualité.
Des citoyens avaient demandé lors de la réunion d’information, s’il était possible d’organiser une certaine police des implantations commerciales, pour éviter les doublons et la concurrence déloyale avec les établissements et indépendants actuels. Il leur avait été répondu que c’était impossible mais, promis-juré, il n’y aurait ni HORECA, ni vêtement, dans la gamme de commerce. La décision de la Région Wallonne a un grand mérite. Elle rend publiques deux éléments. D’une part, Flip’Park va contenir de nombreuses enseignes HORECA et vêtements. D’autre part, la Région se montre bien compétente pour assurer cette « police de l’offre commerciale ».
Une desserte insuffisante par les transports publics modernes et le vélo
Pour les TEC et la SNCB
Le projet propose un projet de plus de 900 places de parking de voitures. Pour desservir un tel zoning valablement, il faudrait réinstaller tous les arrêts de bus et de train, en face de l’entrée des magasins. Nous en sommes loin. Le PCM en cours de rédaction ne stipule la création du pôle de mobilité, qu’à un horizon bien lointain dans le temps et près de la gare des trains, soit bien loin du zoning dans l’espace. Les promoteurs prétendent attirer 1200000 visiteurs/an. C’est impossible par la voie de chemin de fer et les lignes de bus actuelles. Elles servent surtout en semaine et sont parfois déjà saturées.
Pour le vélo
Ce ne sont pas les quelques parkings vélos, que pourraient emprunter les 10000 habitants de Philippeville, qui pourraient changer la donne. La première initiative publique et concrète pour Flip’Park, c’est d’ailleurs la création d’un magnifique rond-point à sa proximité. Cela démontre à souhait la dépendance du projet à la voiture. La prétention, de vouloir amener les 1200000 consommateurs supplémentaires dans le centre-ville, a de quoi laisser songeur, pour qui tente de circuler à Philippeville en heures de pointe ou se garer pour y faire ses courses.
Nos regrets sur cette décision
La gestion des eaux
Nous regrettons que les hauts fonctionnaires n’aient pas retenu nos arguments, relatifs aux inondations. La construction d’une immense fosse de rétention d’eau, modifiée en plusieurs petits bacs, ne nous semble pas suffisante pour gérer les eaux de pluie vers Jamagne, village très sujet aux inondations.
Les égouts
L’absence de canalisation d’égouts de grande taille n’a pas été retenue non plus dans la liste des motifs de refus. De même, aujourd’hui, la centrale d’épuration de Philippeville est en débordement, dès la moindre pluie. Les résultats des tests de qualité des eaux de la source de Samart sont ainsi catastrophiques. Le zoning rejette actuellement ses eaux usées en contre-bas, dans le versant de l’Eau d’Heure. Si les effluents sont rejetés vers l’Hermeton, la situation s’aggravera nécessairement à Samart et en aval.
Pour aller plus loin…
Les besoins de notre Service Travaux
Le Service Travaux a, lui aussi, besoin d’espace. Ce sera l’objet d’un futur article.
http://philcitoyens.be/de-lespace-pour-notre-service-des-travaux-et-nos-pme/
Les besoins artisanaux et industriels
Les PME existantes et à venir ont elles aussi un besoin d’espace. Cela fera l’objet d’autres développements. Nous soulignons le manque d’intégration de l’e-commerce dans le projet.